Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Une Française s'exile en Suisse pour "mourir dans la dignité"

Nicole Boucheton, la vice-présidente de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), ici lors d'une manifestation, s'est exilée en Suisse afin de mourir «selon ses propres volontés»
Joindre la parole aux actes. C'est ce qu'a fait Nicole Boucheton, une militante pro-euthanasie partie en Suisse pour «mourir dans la dignité». Vice-présidente de l'Association pour le droit à mourir (ADMD) dans la dignité et atteinte d'un cancer en phase terminale, elle s'est exilée en Suisse afin de «mourir selon ses propres volontés» le jeudi 7 août, ainsi que l'a annoncé son association ce vendredi.

Dans un texte posthume, Nicole Boucheton a expliqué les raisons de son exil en regrettant que François Hollande n'ait «toujours pas tenu sa promesse 21» sur «l'assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité».

«Je suis atteinte d'un cancer du rectum. Lors du diagnostic, le seul traitement curatif était chimio, tomo-thérapie puis chirurgie : colostomie. J'ai refusé la chirurgie car trop mutilante : l'anus artificiel qui me condamnait à une vie dans des conditions que je juge, pour moi-même, dégradées et inacceptables», déclare-t-elle au cours de sa tribune.

Elle poursuit en affirmant avoir «pris contact avec une association suisse afin d'y pouvoir faire un autre choix, celui d'un départ rapide puisque ma seule issue était la mort».

«Cela demande beaucoup d'argent : la prise en charge elle-même, le voyage, l'hébergement sur place lorsque l'on vient de loin. L'engagement 21 du président Hollande, non tenu, qui s'enlise dans sa mise en place de missions et rapports successifs verra-t-il le jour ? J'aurais aimé en profiter et ne pas avoir à m'exiler en Suisse», regrette-t-elle dans sa conclusion.

«150 étrangers s'exilent chaque année pour mourir»

Le président de l'ADMD, Jean-Luc Romero n'a pas tardé à réagir à l'exil de sa vice-présidente en soulignant son aspect symbolique. «En souhaitant rendre publiques les conditions de sa mort par suicide assisté en Suisse», Nicole Boucheton a «démontré que son combat individuel pour l'euthanasie rejoint son combat collectif», a-t-il déclaré.

«En moyenne, 150 étrangers, toutes nationalités confondues, s'exilent chaque années en Suisse pour mourir dans la dignité», a-t-il expliqué. D'après les chiffres de Dignitas, une des principales associations suisses d'assistance au suicide, 1701 personnes ont été «accompagnées» entre 1998 et 2013 , parmi lesquelles 159 Français (10,63%).

En France, la loi Leonetti, adoptée en 2005, encadre les conditions de fin de vie et interdit l'acharnement dans la poursuite des soins, le plus souvent pour des personnes en fin de vie ou souffrant de maladies graves et incurables. Mais elle ne permet ni l'euthanasie - qui désigne l'acte d'un tiers pour donner la mort - ni le suicide assisté.

L'acquittement en juin à Pau de l'urgentiste Nicolas Bonnemaison, jugé pour avoir abrégé la vie de sept patients, avait relancé le débat brûlant sur la fin de vie. Il sera jugé en appel devant la Cour d'assises à Angers à une date qui reste à fixer.

Pour l'ADMD qui milite pour l'adoption d'une nouvelle loi, le procès du Dr Bonnemaison est «le constat d'échec de la législation française sur la fin de vie et l'évidence de la nécessité d'une loi qui mette au coeur de toute décision médicale le patient, et lui seul, dans le cadre d'une véritable démocratie sanitaire».

La vice présidente de l'ADMD s'exile en suisse pour mourir dans la dignité
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :